Solitudes partagées de Bernard Pignero (en .pdf)
Déjà, au concert de la veille, elle n’avait pas quitté Titus des yeux. Elle avait cru voir la musique se dessiner sur ses traits détendus. Il avait les yeux fermés. À un moment, il avait même enlevé ses lunettes et elle avait retrouvé le visage si jeune du gisant. Elle avait compris alors qu’elle était attirée par ce jeune homme comme elle était certaine de ne pas l’avoir été de cette façon par qui que ce fût. C’était comme si elle l’avait toujours connu ou comme s’il lui rappelait quelqu’un dont elle ne se souvenait plus. Quelqu’un dont, au moment où elle cherchait à l’identifier, le souvenir s’évanouissait
effacé par l’image de Titus.
Bernard Pignero est romancier, nouvelliste et poète. Ancien cadre dans le domaine de la sidérurgie puis de la chimie, il a écrit de nombreux ouvrages et articles. Il a obtenu le prix Marguerite-Audoux avec Les mêmes étoiles (Gallimard 1998). Il se consacre aujourd’hui au bénévolat associatif autour de la Littérature. Après Traduit du français et Embruns (2015), Bazar (2017), La moisson, Jardin secret et Le cavalier blanc (2018), ce dernier ouvrage aux éditions Encretoile, Solitudes partagées, offre cinq contes qui opposent à la notion romanesque de coup de foudre l’idée que dans l’amour ou dans l’amitié durable, si la solitude reste irréductible, le fait de la partager est le plus sûr moyen d’atteindre cet étrange état qu’est le bonheur.
Références spécifiques